Cheval, démonstration, prestige, carrière, piste, parcours, boucle, obstacles faits de buttes, tertres, talus et monticules, gradines. Nature, forêt, pins et bouleaux, sentiers, promenades dans la lande de bruyères, plaines, lisières, clairières, graminées et fleurs de saison, merlons, bosquets. Autant de vocabulaire équestre et paysagé propre au sujet et au contexte singulier de son implantation dans la forêt de Fontainebleau. Comment, dans ce cadre, ne pas inventer une véritable architecture-paysage dont les lignes de partage se fondent et s’embrassent pour ne faire plus qu’un, gage d’une intervention réussie ? Il ne s’agit pas alors d’imposer un geste, mais plutôt de tirer parti des qualités du site, de les révéler et de les mettre en scène dans une attitude douce, souple et opportuniste. Ici, l’intervention s’apparente davantage à un horizon naturel qu’à un bâtiment au sens classique du terme. Elle dissipe et efface les limites d’une enveloppe définie au profit d’une continuité fonctionnelle, conceptuelle et formelle avec l’environnement.
Premier acte de ce rapport au paysage, une grande boucle piétonne permet de desservir l’ensemble du site. Cette boucle est une promenade publique ponctuée d’événements en relation avec les activités équestres et la forêt. Depuis la plaine de l’entrée, elle traverse la zone des exposants, court le long de la zone de détente des chevaux, surplombe le passage des cavaliers, pénètre sous les pins, longe l’attente puis le guet, rejoint les gradines, grimpe doucement sur le toit du bâtiment pour offrir aux promeneurs des vues plongeantes et panoramiques sur les parquets de compétition et redescend par un grand escalier / gradin se connectant avec l’entrée principale. Le long de cette promenade sur le toit, des escaliers permettent de desservir l’ensemble des tribunes et de relier les circulations au sol.
Circonscrite en son sein, une clairière sportive regroupe l’ensemble des carrières et des paddocks. Cette clairière – la zone de compétition – appartient à une logique plus globale de ré-identification claire des zones programmatiques. Elle est délimitée au nord par la lisière reconstituée de la forêt formant un fond de scène spectaculaire et au sud, d’est en ouest, par la zone des boxes mobiles et des boxes fixes réaménagée parallèlement au mur d’enceinte, la zone exposants étirée autour de l’entrée et le parking des permanents et officiels.
Le projet est divisé en trois blocs distincts fonctionnellement indépendants. Chaque ensemble programmatique est autonome et accessible directement depuis l’extérieur. Deux grands passages sont aménagés depuis la zone d’entrée vers les tribunes entre ces différents blocs programmatique. Cette autonomie de chacune des entités permet une fonctionnalité à géométrie variable en adéquation avec le fonctionnement du site. Ces entités sont regroupées dans une enveloppe commune et reliées par une coursive côté façade sud qui donne au bâtiment un aspect cohérent et compact.
Grand merlon de bois et de fleurs grimpantes, le « bâtiment-paysage » est généré à partir d’un « morphing » – ou modelage – du talutage et s’inscrit ainsi dans les formes préexistantes du domaine. La fusion bâtiment avec gradins, gradins avec gradines, gradines avec talus, talus avec chemins, chemins avec lisière, lisière avec forêt inscrit le bâtiment dans son territoire naturel. Sa façade-versant au nord est montée de gradins de bois en robinier dessinés dans le prolongement des gradines. Ces lignes horizontales continues se poursuivent en arc de cercle à l’est et étreignent le Grand Parquet. Au sud, sur l’entrée, dans le prolongement du talus enherbé, un « mur-talus » de plantes grimpantes constitue un filtre solaire et visuel. Le cheminement parcourant le « toit-promenade-ligne de crête » de crête permet d’ancrer le bâtiment dans l’organisation générale du site. Celui-ci devient support du cheminement public. Il apparaît bas pour minimiser l’impact visuel et pour limiter son emprise et son volume global. Sa forme et ses matières naturelles participent à ce désir d’intégration.
STADE EQUESTRE DU GRAND PARQUET, FONTAINEBLEAU
Lauréat concours 2007
Lauréat des lauriers 2013 de la construction bois
Sélectionné dans les 100 bâtiments de l’année 2012 le moniteur
Eco-responsabilité :
Bbc
Bâtiment bas carbone
Structure bois
Contexte : forêt de Fontainebleau
Condition : commande publique
Maîtrise d’ouvrage : ville de Fontainebleau
Surface : 2 000 m² shon + 25 ha de paysage
Budget : 10 m€ ht
Calendrier : livraison 2012
Mission : S. Joly & P.E. Loiret, architectes mandataires mission de base + opc + hqe
Equipe : alto (fluides + hqe), evp (structure), bmf (économie), map (paysage), urbatec (vrd)
Chef de projet : Charlotte Siwiorek (concours, études et chantier)